On appelle pseudarthrose du scaphoïde l’absence de consolidation d’une fracture du scaphoïde. Cette pseudarthrose entraîne progressivement une destruction de l’ensemble de l’articulation du poignet par une désaxation puis une arthrose (SNAC wrist).
En cas de fracture connue, le diagnostic est alors radiologique devant l’absence de consolidation osseuse.
Un scanner avec ou sans injection (arthroscanner), ou une IRM complémentaire, peuvent être demandés afin d’affiner le diagnostic et de contribuer à la décision thérapeutique. Mais en l’absence de fracture initiale connue, ce qui est malheureusement fréquent, la pseudarthrose se manifestera par l’apparition progressive de douleurs associées à une perte de mobilité. Les radiographies alors réalisées dans le cadre du bilan de ces douleurs permettent le diagnostic.
Le traitement d'une pseudarthrose du scaphoïde est uniquement chirurgical.
La technique proposée dépendra du degré d’évolution de la pseudarthrose en terme de désaxation et d'arthrose secondaire.
Le vissage en compression
Proposé dans les cas les plus précoces, une petite incision est ainsi réalisée en regard du scaphoide sous le contrôle radiologique, une vis auto-compressive est mise en place à l’intérieur de l’os, permettant de stabiliser et de comprimer le foyer de pseudarthrose (préalablement avivé par des micro-perforations) et de tenter ainsi d’obtenir la consolidation, comme dans le traitement des fractures du scaphoide opérées précocément. Il n’y a que très peu de douleur après ce type d’intervention.Une immobilisation par attelle de quelques semaines est ensuite nécessaire. Cette intervention peut parfois être réalisée sous contrôle arthroscopique.
La greffe iliaque (opération dite de Matti-Rüsse)
- Anesthésie : loco-régionale ou générale (pour le temps de prélèvement iliaque).
- Hospitalisation : 1 à 2 nuits
- Durée d’immobilisation : 1 mois et demi à 3 mois.
ll s’agit de la technique la plus courante, qui peut être proposée en l’absence d’atteinte des os adjacents, et si l’os du scaphoide est suffisamment vascularisé. Un greffon osseux est prélevé au niveau de l’aile iliaque sur le bassin par une courte incision en regard et sculpté aux dimensions de l’os manquant, puis impacté dans le scaphoide. La fixation de ce greffon sera assurée par des broches, qui seront enlevées plusieurs mois plus tard selon l'évolution radiologique, ou par une vis.Une immobilisation est ensuite mise en place pour une durée de 6 semaines à 3 mois selon les cas. Si la technique fait habituellement appel à un abord chirurgical "ouvert" du scaphoide, elle est parfois aussi faisable sous arthroscopie avec quelques adaptations techniques.
Le greffon vascularisé
Cette technique est proposée en cas d’échec de la greffe iliaque précédemment décrite ou si le scaphoide est mal vascularisé (notamment sur son pole proximal). L’incision antérieure du poignet est prolongée vers le haut, et un fragment d’os est prélevé sur le radius, ainsi qu’une artère et une veine assurant l’irrigation permanente en sang de ce fragment osseux. Celui-ci sera ensuite implanté dans le scaphoide à la place de l’os fibreux qui aura été enlevé, puis fixé de la même manière par broche ou vis. L’immobilisation est là aussi de 1 mois et demi, jusqu’à 3 mois.
L’ablation du scaphoide (scaphoidectomie)
Cette technique est proposée en dernier lieu, en cas d’échec de la greffe iliaque, du greffon vascularisé, en cas de pseudarthrose avancée ne permettant pas une greffe, ou ayant déjà entraîné une arthrose importante au niveau du poignet. L’ablation du scaphoide ne peut être réalisée seule, l’ablation des 2 autres os (lunatum et triquetrum) de la 1ère rangée des os du poignet est alors nécessaire, ou alors la fixation (arthrodèse) des différents petits os du poignet (arthrodèse des 4 os internes du poignet) ou l'interposition d'une petite prothèse en pyrocarbone (APSI). Ces différentes techniques entraînent alors nécessairement une diminution de la mobilité, prédominant dans le secteur de la flexion/extension.Ces techniques ne sont en général réalisées qu’en dernier recours et parfois aussi réalisées sous contrôle arthroscopique.
Complications éventuelles
Les risques de complications d'un traitement chirurgical d'une pseudarthrose du scaphoïde sont rares mais toujours possibles.
- La complication principale est la non consolidation du scaphoide malgré la greffe.
- L’infection locale est rare mais toujours possible .
- Une main gonflée, douloureuse, avec raideur peu survenir en cas d’algoneurodystrophie avec une évolution évoluant sur plusieurs mois. Son apparition est imprévisible, des séquelles à type d’enraidissement et de douleurs sont alors possibles.
- Un hématome au niveau de la prise de greffe iliaque est possible, pouvant nécessiter dans de rares cas une évacuation chirurgicale