La fracture du scaphoïde est très particulière car son diagnostic est parfois difficile. En effet, elle n’est pas toujours visible sur les premières radiographies ; sa consolidation est aléatoire du fait d’une vascularisation précaire, et les conséquences d’une non consolidation (pseudarthrose) sont majeures, l’évolution se faisant alors vers une destruction progressive arthrosique du poignet (SNAC wrist).
Une prise en charge précoce et adaptée est donc essentielle dans le traitement de la fracture du scaphoïde.
DIAGNOSTIC - La fracture du scaphoïde survient en général après une chute sur le talon de la main. Une douleur sur le bord externe du poignet est habituelle, mais peut également être diffuse et rapidement disparaître. Le diagnostic de cette fracture est essentiellement radiologique. Dans le cas d‘une fracture non déplacée, celle-ci peut passer inaperçue. Dans ce cas, de nouvelles radios doivent être réalisées vers le 10 ème jours. En cas de doute ou chez le sportif de haut niveau ou toute personne où la perte de fonction deviendrait dramatique, une IRM ou un scanner peuvent être réalisés afin d’obtenir rapidement le diagnostic de certitude.
TRAITEMENT - dépend du type de fracture. Une immobilisation peut être proposée dans les fractures non déplacées. Les techniques traditionnelles consistent à réaliser une immobilisation circulaire en plâtre ou résine, pouvant ou non prendre le coude.
De nouvelles techniques permettent une immobilisation simplement par attelle thermoformée sur mesure permettant une parfaite liberté des doigts et plus pratique qu'un plâtre inamovible.
L’immobilisation est par contre souvent longue, pouvant aller jusqu’à 3 mois.
Le risque principal est la non consolidation, ou pseudarthrose du scaphoide, de cette fracture, qui n’est malheureusement pas rare (10% en moyenne après traitement orthopédique mais variable selon la localisation de la fracture).
L’autre alternative est de réaliser un vissage compressif d’emblée de la fracture, de manière à autoriser une mobilisation précoce du poignet avec immobilisation moins longue et à diminuer les risques théoriques de non consolidation. On propose cette option en cas de fracture non déplacée chez les patients actifs ou sportifs, souhaitant écourter au maximum la durée d’immobilisation.
Par une petite incision en regard du scaphoïde, et sous le contrôle d’appareils radiologiques voire sous arthroscopie, une vis compressive est mise en place à l’intérieur de l’os, permettant de stabiliser et de comprimer la fracture.
Il n’y a que très peu de douleur après ce type d’intervention réalisée sous Anesthésie loco-régionale en Ambulatoire. L'immobilisation est alors uniquement à visée antalgique de quelques jours comme dans l'exemple de ce cycliste pro chez lequel une orthèse thermoformée a pu être moulée sur le guidon, permettant une reprise rapide de la compétition et même d'être Champion de France à moins de 3 mois de sa fracture opérée!
Si la fracture est déplacée ou du pôle proximal (moins bien vascularisé), une intervention est dans ce cas quasi systématiquement proposée. Par une courte incision en regard de la face palmaire de la main, l'intervention consiste à réaliser un bon ré alignement des fragments osseux et les à fixer par la même technique de vissage ou de brochage selon le type de fracture.
L’immobilisation est alors en général de 6 semaines par attelle thermoformée sur mesure.Celles-ci sont rares mais toujours possibles.
COMPLICATIONS: La principale est la non consolidation avec ou sans traitement chirurgical.
- La vis peut dans de rares cas être mal tolérée.
- L’infection locale est rare.
- Les douleurs sont peu fréquentes.
- Une main gonflée, douloureuse, avec raideur peu survenir en cas d’algoneurodystrophie avec une évolution évoluant sur plusieurs mois. Son apparition est imprévisible, des séquelles à type d’enraidissement et de douleurs sont alors possibles.
- Chez certains sujets, la mobilité peut être difficile à récupérer et des douleurs peuvent persister.